En juillet 2000, j'obtiendrai mon diplôme d'ingénieur en informatique et gestion
, après un cursus normal au sein de l'école, ni trop brillant (17e sur 45 en 2e année), ni trop mauvais (jamais au repêchage, pas de
redoublement). Pourtant, je n'ai pas fait de classe préparatoire, j'ai fait un DEUG MASS (Mathématiques appliquées et sciences sociales) à l'Université des sciences sociales de Toulouse.
Comment diable ai-je pu entrer dans une école d'ingénieur sans avoir fait de classe préparatoires ? Qu'ai-je appris en DEUG ? Suis-je différent d'un élève qui, dans ma promo d'école, a
fait une classe prépa ??
Mon école, l'ISIM (Institut des Sciences de l'Ingénieur de Montpellier), est un école dite "de fac", i.e. dépendante de l'Université dans
laquelle elle se trouve. Dans ma filière, il y a environ 30% d'élèves qui proviennent de classe préparatoire. Et quand j'apprend comment ils ont travaillé en classe prépa, je me dis que j'ai bien
fait de faire un bon DEUG.
D'abord, parce que j'ai été admis sur dossier (pas trop brillant : 20e sur 40 admis d'un DEUG ayant une bonne réputation, pas de mention...) et entretien (très
bon oral : j'ai plaisanté, discuté géopolitique, débattu sur le statut de l'ingénieur, parlé de culture, parlé d'Internet... ) ; mes camarades de prépa ont eux eu EN PLUS un concours bien dur et
très peu en rapport avec l'enseignement de la filière. Ensuite parce qu'en DEUG j'ai découvert que j'étais assez doué pour l'informatique, et que ce n'était pas un truc d'analphabètes
autistes à lunettes triple foyer.
Enfin parce que j'ai eu BEAUCOUP de temps libre. D'une part je n'avais en général qu'environ 25 heures de cours et TD/TP par semaine, d'autre part parce
que la présence à certains cours relevait plus de la volonté de muscler le poignet que de la volonté de bien comprendre. Ce temps libre, je l'ai utilisé pour travailler bien sûr, sans quoi je
n'aurai pas eu mes exams, mais que je l'ai aussi utilisé pour lire (j'achetais un bouquin toutes les 2 semaines, je lisais LeMonde ou Libé 2 ou 3 fois par semaine ), sortir, approfondir certaines
matières qui m'étaient enseignées (notamment l'informatique, mais aussi l'éco, les stats, l'anglais...) et découvrir d'autres matières plus littéraires : psycho, droit... Oserai-je dire que
j'aurai détesté être en prépa, et que la charge de travail m'aurait écœuré et entraîné sur un échec ? J'ai eu un avant goût de l'ambiance prépa quand j'étais au lycée Pierre de Fermat à Toulouse
: travail quasi systématique entre midi et deux, profs qui méprisent les mauvais élèves et tirent vers l'excellence ceux qui sont brillants, gêne des élèves envers les mauvais élèves (dont j'ai
fini par être, par écœurement et déprime), ces derniers prenant en général des cours particuliers à 150 francs de l'heure...
Surtout, en DEUG, l'ambiance était vraiment différente du lycée
: pas d'appel, cours magistraux, beaucoup de camarades et autant de personnalités.
Finalement, dans ma promo 97-00 à l'ISIM, il n'y a guère de différences entre un élève ayant été en
prépa et un élève ayant eu un DEUG
. Bien sûr, il y a quelques différences de forme et de fond : ceux qui ont fait un DEUG n'ont pas en général postulé pour beaucoup d'écoles (personnellement, je n'ai postulé que pour la filière de l'école où je suis), d'une part parce qu'il n'avaient pas le niveau pour être ingénieur en "n'importe quoi", d'autre part parce qu'ils étaient motivés pour la formation qu'il demandait, et qu'elle correspondait bien à ce qu'ils voulaient faire ; et ces deux points sont peut-être ce qui, au début en tout cas, distinguait un DEUG et un prépa.
Paul deshayes@innocent.com
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