Apres avoir lu le parcours des autres internautes sur ce site, je réalise que je fais partie des
anciens combattants ! Mais aussi que peu de choses ont changé. J'ai eu mon bac C (ca s'appelle S maintenant) en 1980. Les études primaires (fin années 60) et la 6ème se sont
déroulées sous le beau soleil de Madagascar -- on y apprenait un très bon français, le collège (début 70s) dans la Creuse à Bourganeuf -- j'ai évité la filière CAP grâce à mon professeur de math
qui élevait mes ambitions en disant "Rakoto, tu seras professeur d'université un jour !" (je ne le suis pas, mais je me porte bien), et enfin de la 2nde à la Terminale dans un 'petit'
lycée de l'Oise (Creil). Ce rappel préhistorique pour souligner que je ne savais rien de ce qui m'attendait lorsque je décidais d'aller en prépa : comme j'étais 'bon' en math, français, anglais
et juste Ok en physique, j'ai suivi le flot en faisant les dossiers pour les lycées parisiens. Au lycée Chaptal, à 16 ans, le choc a été plutôt rude. Je me suis retrouvé dans une classe
d'élèves très motivés et informés. Ils et elles savaient tout petit qu'ils voulaient entrer à l'X comme papa ou tonton. Ils étaient aussi internes au lycée et profitaient de la dynamique de
groupe (et de la pompe organisée...). Si vous avez le choix, soyez internes ! Je n'avais pour ma part jamais entendu parler de Polytechnique et encore moins de l'X ! Quand certains me disaient
vouloir "intégrer" les "mines", mon bon instinct me disait de la fermer et de ne pas poser cette stupide question: "tu veux vraiment être mineur?". J'ai vite
appris et après le premier trimestre, on me voyait à l'X grâce à un "DS" de math de l'X où j'avais "cartonné" sans trop d'efforts. L'esprit grisé j'attaquais le 2ème trimestre
peinard. Trop peinard. Les gamelles ont commencé à s'accumuler mais je me disais: "Bah, je suis passé maintes fois par là, le 2ème trimestre a jamais été mon fort, toujours une petite baisse
de régime, ça reviendra très fort au 3ème trimestre". Il faut aussi dire que les amitiés se formant et le printemps de Paris bourgeonnant, on allait danser au Caveau de la Huchette tous les
mercredis soirs -- pas bon du tout pour la taupe mais très cool pour copiner avec les nanas des Sup Bios et Hypokhâgne ! Le 3ème trimestre a été meilleur, j'étais même parmi les meilleurs en
physique (croyait rêver) mais trop tard le couperêt était tombé. Ma prof de math (la seule que je n'ai jamais compris): "Rakoto, vous aviez le plus gros potentiel mais vous n'avez pas fourni
l'effort nécessaire. Vous n'êtes pas admis en Spé !". Ca a été la fin du monde et le premier échec après un parcours sans nuages... Je ne me souviens pas de l'été qui s'ensuivit. En
septembre, je me suis présenté à la prépa privée intégrée de Sudria. Ils m'ont fait passer un exam pour déterminer si j'allais en Spé ou en Sup. Bien sûr, les rapaces ont dit Sup. C'est
évidemment mieux pour les frais de scolarité. J'ai dit a mes pauvres parents, "non j'irais en fac faire une 2ème année Deug Math et intégrer une école d'ingénieur par ce biais". Je me
présente donc à la journée d'inscription à la fac d'Amiens. C'est un autre choc. Des tables bancales, des bâtiments "préfa" comme à mon petit collège de la Creuse, des babacools barbus
qui me disent: "Salut! faut qu't'inscrives à notre syndicat d'étudiants", des jeunes gens BCBelleGueule qui me disent: "Bienvenue! Il faut que tu t'inscrives à notre syndicat
d'étudiants". En revenant chez mes parents je passe le coup de fil de "ma vie" à un ami de Chaptal qui a suivi la même trajectoire (lui aussi s'est fait vidé). Il est en
Spé dans un "petit" lycée parisien, Turgot, et m'encourage à venir parler au prof de math, Mr Di Francesco. Je m'y présente et mes resultats de Chaptal sont assez bons pour
m'accepter dans leur établissement. Je ne serais jamais assez reconnaissants envers mes profs de math (sauf une) et Mr Di Francesco en particulier pour me montrer le droit chemin et le sens de
l'effort ! (J'ai appris par la suite que les 2 fils de Mr Di Francesco ont intégré l'X, dont un en major !).
Sous la pression parentale ("pas de 5/2, trop risqué, estime toi heureux"), j'intègre l'Ecole Centrale Nantes
(ex-ENSM). Très bonne école et 3 très belles années à 45mn de Pornic, La Beaule, du surf et du vignoble. Je recommande. Qui plus est, étant près de la fac de Nantes, on peut y recolter les diplômes universitaires (Licence, Maîtrise, DEA) en suivant quelques cours supplémentaires, ce que j'ai fait. A 21 ans, j'estime qu'il est trop tôt pour rejoindre les armées de travailleurs courbes et je rempile en intégrant
Supélec sur titres en 2ème année. Très bonne école. Ce qu'on faisait de mieux en informatique (et en d'autres disciplines) en France à l'époque (et aujourd'hui aussi je pense). Je fais mon
stage de 3ème année aux USA à la NASA de Houston en intelligence artificielle en travaillant sur les réseaux de neurones. Après ça, plus de fuite, c'est le monde du travail avec
Arthur Andersen Paris. Après 5 ans, je reprends les études en venant à Boston faire un MBA (Master of Business Administration) au MIT (Massachusetts Institute of Technology) -- adresse
http:\\web.mit.edu. Etant
"ingénieur dans l'âme", c'est pour moi le summum de l'école d'ingénieur. J'estime toutefois que j'ai fait assez d'études d'ingénieur et c'est pourquoi j'opte pour un cursus équivalent à
un 3ème cycle de gestion. C'est bon pour la carrière et la dimension internationale disent-ils. Et c'est vrai. Depuis je suis resté aux USA, New York, et poursuis une "carrière"
dans la finance. Ca semble très loin de la formation initiale d'ingénieur mais en fait on y utilise de plus en plus de techniques mathématiques et statistiques. Un vrai régal !
Voilà ! Si ces lignes peuvent aider d'autres dilettantes... Vous souhaitez contacter Marc ? Ecrivez-lui à rakoto@alum.mit.edu .
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